C’est quoi, au juste, la sexualité ?

Qu’on en soit conscient ou non, nous avons tous des idées sur ce qu’est, ce que ne peut être ou ce que devrait être la sexualité. L’objectif affiché du projet est d’accompagner les soignants dans la découverte de ces thématiques et cela ne peut se faire sans d’abord questionner ce qu’est la sexualité. 

L’importance de cette première étape est capitale, car elle peut permettre une prise de conscience sur le fait qu’une définition n’est jamais valable de manière universelle. Rencontrer la pluralité des envies, des pensées et des pratiques, c’est abandonner les catégories du bien et du mal, et faire un pas majestueux vers l’acceptation des autres, dans tout ce qu’ils sont, dans tout ce qui les rend différents, mais aussi dans tout ce qui les rapproche de nous !

Allez … On y va ? 

Tout, mais jamais sans consentement ! 

La question de la définition de la sexualité peut s’avérer une mission assez impressionnante. Il peut être difficile de s’entendre sur ce qu’elle est ou ce qu’elle n’est pas. Cependant, il y a un élément sur lequel aucun compromis n’est envisageable : c’est le consentement des parties impliquées. En effet, l’accord explicite de toutes les personnes impliquées est une base sur laquelle il n’est pas acceptable de transiger. Tout ce qui n’est pas un “oui” clair, n’est pas. A noter qu’un “oui” à un moment ne vaut pas pour un accord permanent, même si cela se passe dans le cadre d’une relation “consacrée”, par exemple le mariage. On n’est pas tout le temps d’accord d’avoir du sexe parce qu’on est marié avec l’autre personne impliquée.
En outre, on peut dire oui à un moment, et se rétracter ensuite ou pendant l’acte. 

Les joies solitaires

L’un des éléments récurrents qui intervient quand on tente de “définir” ce qu’est la sexualité, c’est souvent la notion de couple. Le couple, c’est, la plupart du temps, une forme exclusive de relation impliquant deux personnes. La relation peut être, ou non, consacrée par une démarche légale ou religieuse. Mais force est d’admettre que ce premier point, dans le contexte qui nous occupe, est déjà à nuancer … En effet, la sexualité, ça peut se vivre en couple … Mais pas uniquement ! 

La sexualité commence par des découvertes de soi, et il n’y a aucune raison pour que cela s’arrête là où commence le couple. Les envies des uns ne se conjuguent pas toujours au timing des autres, et vouloir s’accorder à tout prix ou attendre de l’autre qu’il ou elle réponde à nos envies peut être source de frustration. Prendre soin de soi, en sexualité comme dans tout autre aspect, n’est jamais un affront fait à la personne en face. Il n’y a donc rien de grave ou de malsain à encourager des pratiques masturbatoires même au sein d’une relation conjugale. 

À partager avec qui le veut !

En plus de se conjuguer au singulier, la sexualité peut également inviter d’autres personnes que les partenaires d’un couple. Il est nécessaire de réfléchir aux nouvelles formes de relations. Il s’agit parfois d’un monde flou, de mots inconnus et de réalités un peu biscornues quand on tente de les comparer au modèle conjugal tel que majoritaire actuellement. Néanmoins, d’autres modes de relations existent. On parle par exemple de couples ouverts, ou de relations polyamoureuses. Cela sous-tend que le couple ne doit pas forcément être pensé dans un sens limité et qu’il peut impliquer d’autres personnes.   

Penser les relations en dehors du cadre conjugal classique est également une invitation à penser aux relations parfois invisibles et ou peu légitimées. Vous avez peut-être déjà eu affaire à une femme qui vient discrètement après les heures de visite en demandant timidement des informations ? Vous avez peut-être aussi senti une zone floue quand on vous a présenté un cousin très proche de la famille depuis toujours ? Quand bien même cela pourrait ne pas être en accord avec vos valeurs personnelles, les histoires des personnes que l’on rencontre sont ce qu’elles sont et notre rôle n’est pas de condamner, mais bien d’accompagner ce qui fait sens pour les gens. 

Sexe et pénétration, un combo obligatoire ?

Souvent, la sexualité est rendue synonyme de “rapport sexuel”, également synonyme de “pénétration”, elle-même réunissant un pénis et un vagin. 

On touche ici la croyance que le sexe n’est pas s’il n’y a pas de pénétration. Cette idée  est souvent renforcée par la notion de “préliminaire”, qui véhicule inconsciemment l’idée que certaines pratiques viennent “avant” le vif du sujet, comme des amuse-bouche avant un repas à quatre services. La sexualité réside dans l’intention qu’on met dans les gestes et les pensées et pas uniquement dans les activités réalisées avec des zones prétendument dédiées. Par ce nouveau filtre, des mots osés, une fellation, des caresses dirigées, un cunnilingus, des doigts aventureux ou des yeux bandés retrouvent une place de choix dans ce que peut être la sexualité. 


Pour ne pas conclure … 

Le but de ces quelques mots n’est pas de démonter les représentations structurantes de chacun et chacune, mais seulement d’aider à la prise de conscience que nos représentations ne sont pas des vérités, et que toutes ont raison d’être. Peut-être ne sera-t-il jamais possible d’arriver à une définition consensuelle de la sexualité. Mais si tout le monde peut s’entendre sur le fait qu’elle est légitime à être investie par chacun différemment, qu’elle peut être ce que les gens disent qu’elle est pour eux, peut-être peut-on concéder à chacun la liberté d’y mettre ce qu’il souhaite, en termes de pensées, d’idées, d’envies, d’accessoires, de mots, de sensations et même de positions.

Notre rôle là-dedans, en tant que soignant, n’est pas d’arriver à un résultat concret,
mais bien à une part d’apaisement
grâce à une écoute et une bienveillance indéfectibles. 

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